Quand elle est née, à la maternité, je lisais « Blonde » de Joyce Carol Oates. Pour moi, qui lis beaucoup, qui lis toujours, pour moi qui ne comprends pas une vie sans lecture, sans littérature, c’est un tel bonheur de voir cette petite suivre ma voie. Elle a toujours un livre avec elle. Elle lit à l’école le matin, parce qu’ils ont un moment de lecture individuel tous les jours, elle lit le soir avant de dormir et je n’arrive pas à lui dire de d’arrêter, d’éteindre la lumière, parce qu’il est déjà tard, qu’elle a école, qu’elle doit se reposer. Je connais trop bien ce plaisir, cette envie de tourner les pages, encore une, une autre, puis encore une. Elle prend son livre avec elle quand elle va au cours de théâtre. Elle le prend parfois le samedi au mouvement. Et bien sûr, elle lit le matin dans la voiture. Si elle l’oublie a l’école, ce qui est rare, j’accepte de retourner le chercher pour elle. Si elle l’a oublié à la maison le matin, il m’arrive d’aller le lui déposer un peu plus tard. Parce que je connais aussi l’impossibilité de se détacher d’une histoire tant qu’on ne l’a pas terminée. L’impossibilité de commencer autre chose tant qu’on est dans une histoire.