Mères et filles 155/366


J’étais une fille unique d’une mère pas douce, non elle n’était pas vraiment douce ma mère. Mais attentive, présente, intelligente, cultivée, ma mère. J’ai souvent été très critique envers elle, je me suis beaucoup disputée, puis les années ont passé et nous nous sommes adoucies, elle et moi.

Elle n’était pas mon modèle. Petite, je jouais même à ne pas lui ressembler tellement elle m’irritait par moments. Mais elle était ma référence. Elle était là pour moi, même de loin, même quand elle était déjà  malade.

Ces derniers temps, ma mère va très mal. Son mari, pour toutes sortes de raisons, n’est pas en mesure de s’occuper d’elle, et elle, n’est plus en état de vivre seule. Elle tombe beaucoup, se blesse, conduit encore sa voiture et a souvent des accidents, plus ou moins graves. Il y a deux semaines, elle n’a pas réussi à se relever et est restée couchée par terre dans sa maison pendant des heures, jusqu’à ce que mon père, qui n’est plus son mari, arrive pour l’aider.

Je l’appelle, je lui parle, j’essaie de la convaincre qu’il faut prendre quelqu’un à temps plein pour l’aider. Je pense à elle la nuit, quand je me réveille, je l’imagine seule, malade, cette inquiétude constante m’empêche parfois de respirer. Et elle, tous les jours, m’explique qu’elle ne veut personne, que je n’ai pas le droit de décider pour elle. Alors je me fâche, je m’énerve, une fois sur deux je me mets à crier.

Quelqu’un m’a dit un jour, tu dois être douce avec elle. C’est la seule chose qui me reste à faire, et j’en suis incapable. Quand elle ne sera plus là, je regretterai chacun des mots durs que je lui ai dits ces derniers temps.

Alors je l’appelle, je la rappelle, je lui dis que je suis désolée et je m’énerve de nouveau.

Aujourd’hui vers 4 heures j’ai reçu un e-mail d’elle. « N’insistez pas, dit-elle, parce que je comprends. Mais je ne veux pas sacrifier mon droit à décider de ma vie ou le peu d’indépendance qui me reste pour votre tranquillité, par ailleurs légitime ».

C’est tellement bien dit, au fond. Comme elle a raison au fond.

Et alors, que faire?

J’écris ici parce que je n’arrive pas à raconter cette petite histoire à quelqu’un sans pleurer. Je suis désolée si ce texte est si mal écrit. Vous pouvez commenter, en public ou en privé, et même me donner votre avis, s’il est bienveillant. Ou juste me lire et me dire que vous êtes là; ça me réchauffera le cœur.

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