Depuis toujours, ma mère fait des albums. Elle a commencé quand elle s’est mariée avec mon père et elle continue encore maintenant. Elle n’aime pas que je ressorte les vieux, je le fais donc plus ou moins en cachette. Je comprends bien qu’elle ne veuille pas, parce que pour moi aussi c’est difficile de regarder ces vieille images: tous les souvenirs sont là, c’est comme j’y étais. Ici par exemple, j’ai plus ou moins l’âge de Lily, je viens de sortir de l’eau, et si je ne me souviens pas du moment précis où la photo a été prise, je sais exactement où je suis et ce qu’il y a autour.

C’est un petit village près de Gênes, où nous allions tous les ans. Mes grand-parents avaient un appartement là-bas, dans le plus joli coin, tout au bout du village, on sentait l’odeur de la Méditerranée en ouvrant la fenêtre, on voyait les vagues, je regardais la mer pendant des heures parce que quelqu’un m’avait dit que mes yeux verts allaient devenir plus bleus.

J’avais un merveilleuse amie, Emanuela que j’appelais Manu, avec qui je passais mes journées. Elle, je l’avais oubliée, et sa douceur me revient ce soir en regardant cette photo. Je ne sais pas ce qu’elle est devenue, j’ai arrêté d’aller là à un certain moment de mon adolescence et peut-être elle aussi. Où qu’elle soit aujourd’hui, j’espère que la vie aura été pour elle aussi sereine que ces étés que nous avons passés ensemble.