« Il n’y a pas 46000 langages de l’amour, il n’y en a qu’un », a dit mon amie L. devant un verre de vin blanc.
Nous étions jeunes, et de l’amour nous ne savions rien, quand nous avons cru que ça c’était l’amour, ou ça, ou encore ça, d’une façon ou d’une autre, toujours différentes, tout en sentant de façon diffuse qu’il devait y avoir autre chose, mais sans l’avoir rencontré, c’était quoi?
Nous avons un peu grandi, mais si peu, et l’amour – l’amour – nous l’avons confondu avec mille autres choses, souvent peut-être pas désagréables, mais sans savoir vraiment, ou en ayant un doute, mais incapables de nous faire confiance, de sentir les choses, nous avons pensé: voilà, c’est l’amour.
Et comme l’amour n’est pas forcément l’amour à deux, parfois nous avons senti, reconnu, aimé – aussi – l’amour de l’autre, mais sans que notre coeur, corps, ne réponde.
Jusqu’au jour où nous nous sommes aperçues que ces 46000 langages de l’amour que nous avions vu et vécu et essayé, qui nous avaient fait du bien et du mal et rire et pleurer: ce n’était rien.
Et après ces 46000 langages il y en a eu encore un, 46000 et 1, le dernier, ou le seul, celui qui a un sens ou aucun, celui qui n’est fait que de sens mais qui est
celui
qu’on
reconnaît.
C’est le travail d’une vie, je pense, que d’arriver à se faire confiance et d’avoir la force de dire: de ça, je ne veux pas, quand nous sentons de façon insistante mais jamais claire que – non, nous ne voulons pas ça.
Mais il faut le faire, n’est-ce pas, pour arriver plus vite là où nous étions attendues.