Sale (on peut oublier)

On peut oublier un amour, on peut être triste de sa fin et puis accepter la vie qui continue et garder le souvenir de ce qui a été.

Ce qui est difficile, presque impossible, c’est de se laver de la trahison et du mensonge. Quand ils ont duré un an et plus, quand ils ont été dits et redits – les mensonges, les trahisons, les choses petites et minables – il reste une espèce de saleté de laquelle il est difficile de se débarrasser.

Depuis aussi longtemps que je m’en souvienne, j’ai écrit: j’ai écrit pour dire le bonheur, pour dire la tristesse et parfois pour rire de la vie. Je suis venue ici l’année dernière écrire sur la trahison et sur le choc de la découverte, mais c’était frais encore, c’était encore tellement vivant – comme un petit téléphone qui vibre dans la main, comme une méduse qui ne meurt pas, elle palpitait encore. Maintenant, un an plus tard, il n’y a plus rien qui vit et la méduse est morte – elle ne palpite plus. Mais un sentiment de malaise reste, et aujourd’hui quand A. a dit « un menteur invétéré qui s’invente une vie et qui se victimise pour la justifier », j’ai compris. Cette saleté que je sens encore, elle vient de là. D’avoir tout sali de cette façon immonde, d’avoir menti encore et encore et avoir brisé mon coeur et mes rêves – et de le justifier encore. De m’en donner – à moi – la responsabilité.

Il y a des mots que je me refusais à dire il y a quelques mois – parce que je ne suis pas méchante, parce que je ne veux rien détruire et surtout pas les autres. Parce que, à quoi bon ajouter la douleur à la douleur? Mais le silence m’étouffe et ceci est mon histoire, je la raconterai toute et ce sera la mienne.

Alors me voici, c’est moi. Une jolie photo de cette semaine. On ne la voit pas, la saleté qui s’est accrochée à moi et dont j’essaie de me débarrasser, mais elle est encore là.

Tout doucement, je m’en nettoie. Chaque jour qui passe, chaque moment doux avec d’autres – je laisse tout cela derrière moi. Et j’en ai déjà laissé beaucoup dans les eaux claires de Sardaigne. Je continue.

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