
Les livres de Nathalie Skowronek, je les attends. Je compte les jours. Je cours chez Candide et je commence à les lire dans la voiture. Karen et moi, d’abord, Max en apparence, et puis celui qui m’a le plus touchée, Un monde sur mesure.
Je retiens des phrases, probablement pas celles auxquelles elle penserait pour résumer sa pensée. Par exemple, en parlant de ses filles, « je voulais qu’elles sachent qui était qui et qui j’étais, moi » (mais est-ce vraiment sa phrase, ou la mienne transformée par ma vie, ma mémoire, mes petits chagrins,). Ou encore, « honte à moi », adressé à elle-même, dans un autre texte.
Mais cette fois-ci, même si j’avais retenu la date, 24 avril je pense (24 avril?), j’ai oublié de l’acheter. Trop prise par mes petites histoires, au milieu de mes peurs, j’ai peur tout le temps et je ne sais pas quoi en faire, cette fois-ci j’ai oublié.
Et puis aujourd’hui, tout à coup, assise à mon bureau, j’ai pensé à ce livre, je suis sortie en courant, j’avais rendez-vous au Fort Jaco mais la circulation était étrangement fluide, j’ai continué vers la place Brugmann et je suis entrée en courant chez Candide. J’ai lu dans la voiture, « Jusque- là je pensais que ce n’était pas pour moi. Quand bien même on me l’aurait proposé, j’aurais inventé mille prétextes pour me dérober ».
J’ai lu dans la voiture et j’ai lu en préparant le dîner des enfants, j’ai lu en mangeant et j’ai lu avec un verre de vin sur la terrasse. J’ai fini. Je ne résume pas: encore faut-il avoir quelque chose à dire pour résumer les livres des autres. Je dis: la beauté et la tristesse, les difficultés et les gouffres de l’âme de ceux qui ont peu et de ceux qui ont tout, je dis la vie et notre dibbouk.
Le Talmud dit, « Fais et tu comprendras ». Gardons cela pour ce soir.