On ne peut pas pousser quelqu’un violemment dans la rue devant son enfant, et d’ailleurs même sans l’enfant, on ne peut pas.
On ne peut pas crier.
On ne peut pas répéter à une personne qu’elle est bête et conne pendant des années, on ne peut pas traiter ses parents de trous du cul.
On ne peut pas appeler 47 fois sur une journée pour traiter quelqu’un de garce et de salope.
On ne peut pas menacer de le détruire et de lui prendre jusqu’à son dernier euro.
On en peut pas dire à un enfant qu’il n’ira plus aux activités parce que sa mère ne veut pas bouger son cul.
On ne peut pas croire que les mots n’ont aucune valeur et qu’il ne s’agit pas de violence.
On ne peut pas utiliser l’argent comme moyen de pression.
On ne peut pas croire que l’autre est tellement fort qu’on peut le frapper avec des mots encore et encore.
On ne peut pas s’imposer par la force, même verbale.
Je me suis assise sur un petit banc dans le jardin pendant des années, tous les soirs, et je l’ai laissé crier toutes les horreurs qui étaient dans sa tête et j’ai écouté en silence – mes voisins sûrement s’en souviennent. J’ai cru que je devais faire ça, pour lui, et je me suis perdue dans cet océan d’insultes.
Quand c’était fini, j’ai cru que je devais oublier – mais les mots reviennent dans mon sommeil et je me réveille en sursaut la nuit. J’ai pensé, je dois les écrire, les poser là pour qu’ils y restent et ne puissent plus hanter mes nuits.