C’était il y a 6 ans à peine, ou 6 ans déjà, nous étions à Barcelone et toutes les nuits j’allais pleurer sur le toit de l’hôtel près de la piscine. Il y avait des cris et des insultes dans les restaurants, un petit japonais d’El Born où j’aimais aller – il y avait déjà tu ne fous rien, tu ne bouges pas ton cul, tu es bête, tu ne feras jamais rien.

Je laissais dire, j’espérais que ma fille n’entende pas trop, je laissais passer et puis la nuit seule sur le toit je pensais, comment je vais sortir de tout ça? Et je croyais que je ne le ferais jamais, que je n’y arriverais jamais. Alors je me concentrais sur les belles choses autour de moi, les petits, mes amis, le yoga, les livres – tout ce que j’aimais.

Six ans plus tard, je suis partie, je suis au calme et sereine dans ma petite maison sur la Montagne, je travaille je cours je gère les enfants – et je crève de peur, encore, de tout ce qui reste à faire et de la façon dont tout doucement il détruit ma fille.

Il va falloir y aller, me dit mon amie, c’est maintenant, et c’est vrai. Je ne suis pas malade et je ne suis pas si vieille, alors il faut agir et arrêter de subir. Pour moi, pour Lily.