This place

A huit heures moins dix ce matin, Ben et moi sommes partis faire notre promenade.

Oh, cet endroit. Je l’ai aimé. En février 2011 j’ai découvert cette maison, j’y suis arrivée un matin froid et ensoleillé et j’ai pensé, c’est ma maison. Je suis comme ça, un peu enthousiaste, un peu impulsive, un peu ridicule. Nous sortions d’une période sombre et dure; dure dans le sens de dureté, dans le sens où elle n’avait pas été douce avec nous. Des années difficiles et chaque chose nous en avait coûté une autre. Nous venions de vendre la maison à Saint-Gilles, achetée à un moment de notre vie tellement différent, où tout nous semblait facile et léger, et j’avais pleuré chez le notaire au moment de signer l’acte.

Alors arrivée ici, j’ai pensé que moi, que ma famille, nous avions besoin de ça, très exactement ça. De la douceur. Du calme. J’ai imaginé les promenades et les soirées au coin du feu, les jeux dans le petit bois à côté de la maison. Et au moment de signer le contrat de bail j’ai même demandée, folle, si vraiment ils ne voulaient pas la vendre.

Nous voici en mai 2013: Ben est né, qui n’était pas là la première fois que je suis venue à Dworp. Je l’ai ramené dans cette maison quand il avait 5 jours. Mes grandes filles y ont vécu une semaine sur deux, Lily y a joué crié pleuré, mes amies L. et F. sont venues y passer une nuit ou plusieurs. C’était bien. Mais il faut se rendre à l’évidence: j’ai passé deux années en voiture, je n’ai fait que conduire. Notre vie est à Bruxelles et nous faisons des aller-retours à longueur de journée. Une demi-heure pour arriver à n’importe quel endroit à Uccle (nous n’allons jamais plus loin, Dieu nous préserve, ou alors de façon extrêmement exceptionnelle), une demi-heure pour en revenir. Plus l’activité que nous sommes venus y faire. Un enfant à la fois en général, parce qu’elles n’ont pas toutes les mêmes activités, donc les autres à la maison. Lily et Ben devant la télé avec une femme de ménage pendant que je conduis, je conduis, je conduis.

On m’a dit « tu voulais vivre à la campagne, tu vis dans une voiture ». Vrai.

Vrai aussi que tout le monde me l’avait dit. Oui, oui, vous me l’aviez tous dit et je n’ai écouté personne. Comme souvent. 

Je me promène dans ces champs et petits sentiers et je dis au revoir, parce que dans un an grand maximum je ne serai plus là. J’ai aimé ici. Cet endroit a été bon avec moi.

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