Voici le Val.

Ma fille aînée y est toutes les semaines du lundi au vendredi.

J’ai pensé, c’est un échec pour moi. J’ai pensé, je n’y arriverai pas. J’ai pensé, elle va tellement me manquer et j’ai aussi pensé que c’était la chose la plus difficile que j’aurais fait de ma vie.

Mais j’ai fait un petit pas en arrière pour mieux regarder les choses, et j’ai pensé: quoi? la plus difficile? Mais toutes les choses les plus difficiles de ma vie je les ai faites l’année dernière, dans ce long hiver qui a duré de septembre à juillet, cette espèce de trou noir qui a failli tous nous engloutir, cette période froide, sombre, que je revois maintenant comme un brouillard de tristesse et de panique en même temps.

Mais maintenant, nous sommes là, nous allons tous bien. Ma fille a choisi cet internat, parfait, je comprend pourquoi, je la comprend parfois mieux que je ne me comprend moi-même, et je suis assez émerveillée du courage qu’il lui a fallu pour prendre cette décision.

Alors, je ne suis pas triste. Un peu nostalgique, par moments, de quand elle était là, mais contente aussi, la vie suit son cours, et comme me le disait toujours mon père, cela ne sert à rien que d’essayer de l’arrêter.