Je me réveille tôt 85/365

Ici, le matin, je me réveille tôt. Je laisse les volets ouverts, du côté rue, pour entendre les bruits des voitures et être sûre que j’aurai, avant tout le monde, avant le réveil des autres, ce petit moment de solitude avec mon café dans la cuisine, avec une cigarette sur la terrasse.

J’ai aimé chaque jour de cette semaine. Oui, c’est étrange, il y avait ici comme une légèreté que j’avais oubliée, malgré tout, malgré mes parents et la tristesse qui m’envahit par moments.

J’ai pensé, je dois rester loin, parce que tout près je me brule, je n’ai pas de distance et c’est comme si la flamme m’attirait, je me brule la main et les cheveux et le visage, je ne sais faire que ça, me bruler encore et encore.

Mais d’ici: non. Je lève les yeux et je regarde nos montagnes, elles apparaissent à chaque coin de rue et me rappellent une époque insouciante, j’étais petite et je marchais dans ces mêmes rue, rien n’a changé.

Je vais voir Simone à son magasin, d’une rare beauté, et pendant qu’il est assis à travailler le cuir, derrière une machine à coudre et une lampe qui éclaire le sac qu’il répare, je parle, il parle – on raconte et ça semble facile. C’est facile. Nous rentrons à pied ensemble, lui pousse son vélo et je marche à côté, tout le monde le reconnaît, je lui dis tu es plus connu que mon père ici. Il y a ce côté village à Turin que lui trouve étouffant et moi tellement rassurant en ces temps d’incertitude.

J’ai pensé toute la semaine à mes enfants, j’ai suivi Asia sur instagram, Lily sur whattsap, et Ben: je me suis inquiétée de le savoir tous les jours devant la télé ou l’écran de l’ordinateur, avec les yeux à 5 centimètres et hypnotisé par les images. C’est comme ça que cela se passe, se passera. Là est la vraie douleur, et je ne peux rien faire.

Le manque d’eux est tellement fort que je détourne le regard quand je vois un enfant, je change de trottoir, je ne veux rien voir et rien savoir. Pour moi qui n’apprécie les choses que quand elles durent pour toujours, le vrai défi sera là: arriver à survivre à cette nouvelle façon de vivre, mes enfants la moitié du temps, la moitié de la vie.

Je lève les yeux vers mes montagnes, les nôtres. Et je pense que la montagne, elle n’aime personne. Bonne journée les amis, et qu’elle soit douce.

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