En septembre, octobre, novembre 2013, je n’ai pensé qu’à toi. Bien sûr, j’ai eu beaucoup de plaisir à être avec Asia, qui m’a montré sa façon, pleine de sagesse, de garder la tête froide. J’ai partagé avec elle des journées et des soirées, des conversations dures et d’autres plus douces, dans une intimité nouvelle qui nous a réchauffé le coeur, à toutes les deux. Oh bien sûr, j’ai aussi été émerveillée de voir Lily vivre chaque jour, avec sa joie – ses colères – ses mots toujours précis et drôles. Et mon petit Ben qui apprend à vivre.

J’ai amené Asia au hockey, Lily au hockey, Asia encore au hockey, Lily à la natation, Lily à la danse, j’ai été à des matches le samedi, deux par samedi. J’ai donné des bains, joué avec les enfants, j’ai fait des courses, gére des dîners, organisé des cours d’hébreu, fait les devoirs, lu des histoires, vu des psys et des médecins, été à l’hôpital avec Ben, reçu mon père, puis ma mère. J’ai beaucoup lu aussi, retrouvant ce plaisir que j’avais un peu oublié, de vivre ici, toutes ces choses matérielles – et un peu là-bas, aussi, dans le livre. Je me suis souvenue d’un livre que je lisais quand tu étais toute petite, c’était Johnny Blues de Joyce Carol Oates et il me sauvait un peu de la banalité et des difficultés de la vie quotidienne.

C’est encore Joyce Carol Oates qui m’a emmenée ailleurs pour quelques jours. J’ai lu ce Mudgirl avec gourmandise, et trop vite, en me laissant entraîner dans les méandres de la psyché de cette femme au bord de la folie – un peu comme nous tous.

Mais en septembre, octobre et novembre 2013, je n’ai pensé qu’à toi, avec douceur, avec tristesse, avec incompréhesion et avec amour. Je l’ai souvent dit mais pas à toi: je ne sais pas expliquer avec des mots ce que tu ressens, mais j’ai l’impression que je le comprend. Je ne peux que le sentir, mais pas l’expliquer. 

J’avais envie de continuer ce blog mais je ne savais pas comment. Ce soir j’ai pensé, comme ça. Avec juste quelques photos.