Il disait

Il disait, mais tu étais où?

Et ce confinement, qui vraiment ne s’annonçait pas très bien au début, était vite devenu un long moment de douceur délicieuse où les journées se suivaient et les heures et les minutes – avec bonheur.

Les enfants vivaient leur vie, je n’ai pas suivi le travail et je n’ai rien dit aux calls de Lily au milieu de la nuit, à Animal Crossing nuit et jour, à la télé et aux journées presque en pyjama pendant lesquelles je criais parfois, allez dans le jardin! et j’attrapais Ben en riant je le prenais dans mes bras, je lui disais fais ce que tu veux, la vie est courte, et il me répondait en riant aussi, oui oui elle est courte, surtout la tienne.

Je lisais la légende d’Arthur le soir, et lui les yeux émerveillés qui me disait quoi? il a reçu Excalibur?, et moi aussi émerveillée qu’il aime tellement entendre ces histoires magiques, quand deux chapitres devenaient trois puis quatre puis cinq, avant de s’endormir collé à moi.

Le temps passait parfois un peu trop vite. Asia étudiait mais aussi, chantait, jouait du piano, de la guitare, quand Ben disait, vous pouvez un peu moins fort? je n’entends pas ma série. Et nous, ça nous faisait rire, et on continuait, la vie comme ça, un peu tous les jours, mais on avait déjà peur de la suite – tous conscients que comme avant, on ne voulait plus, mais sans savoir exactement ce que nous allions pouvoir changer, vouloir changer.

Le virus, on ne savait plus en fait, les enfants n’y pensaient pas je crois, et moi si peu, prise dans ce bonheur de chaque instant. Le temps de vivre.

Et puis maintenant: toi. Ton regard et ton sourire, tes cheveux noirs et tes mains, tes bras dont je m’étais demandée, juste avant le virus, est-ce que j’aimerai les toucher?

J’aime.

47 ans et puis toi. Mais en vrai maintenant 48, parce qu’il y a eu ça aussi pendant le confinement, mon anniversaire, qui a été le plus beau de ces 48 premières années.

(et toi, tu étais où?)

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